Des métiers et des émotions

Jean-Pierre Vincent était une figure de la scène théâtrale française et le garant d’un théâtre exigeant. Il fut aussi l’un des directeurs les plus marquant du théâtre public français. C’est lui qui m’a mis le pied à l’étrier en élargissant mon horizon et en favorisant mes débuts. Je lui dois énormément. Il m’a appris que la représentation est un acte collectif où l’on doit tous vivre au même moment la même passion et le même dessein. Il a été mon soutien dans une relation d’aide et d’échange, dans laquelle son expérience a favorisé mon développement professionnel jusqu’à ce que je trouve ma place.  Au-delà de son action et de sa sagesse, l’important pour lui c’était de me transmettre la magie de la représentation.

© Photo Sabine Strosser

Le Misanthrope de Jean-Pierre Vincent au Théâtre National de Strasbourg

« Les grands spectacles se font avec des équipes soudées et cohérentes »

Les métiers de la scène sont avant tout des métiers d’émotions, celle que l’on a en soi, que l’on partage avec une équipe, pour ensuite la transmettre aux spectateurs. Pendant la représentation, tout le monde doit être au même niveau. Si le régisseur n’envoie pas ces effets au bon moment, si le sonorisateur ne met pas son micro au bon endroit, si l’habilleuse loupe son changement de costume, la représentation est menacée. La représentation doit être parfaitement synchronisée. Les mouvements doivent s’emboiter, et se coordonner parfaitement dans un univers subtil et riche d’émotion. Il est essentiel que le rythme épouse artistiquement le rythme du jeu des acteurs. On peut alors dire qu’il y a étroite collaboration artistique entre les acteurs et les autres serviteurs de la scène. Ils doivent donc être considérés non pas seulement comme des manœuvres ou de simples exécutants, mais aussi comme des artisans qui mettent aux services de la scène une certaine sensibilité. 

« La magie de la représentation passe par la magie de l’équipe »

Au final, je me rends compte que ce que j’ai le plus apprécié et aimé chez lui, est certainement cette notion d’engagement qui revenait toujours, notamment l’engagement à une cause, à une passion, à une idée. Je crois que c’était cette faculté d’aller de l’avant de manière récurrente et obstinée qui lui donnait autant de valeur à mes yeux. Au final je voulais être un peu comme eux, associé à cette troupe de personnalités généreuses bienveillantes et solidaires qu’il avait crée au théâtre national de Strasbourg.

Ils étaient comme à la recherche de rêves perdus.

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